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«
Je crois aux vertus de la mobilité. »
Jacques
Brel
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«
Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À
te regarder, ils s'habitueront. »
René
Char
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«
Tu es libre d'être à l'instant toi-même,
vraiment toi-même, et rien ne saurait t'en
empêcher. Ainsi dit la loi du Grand Goéland,
qui est fondamentale. »
Richard
Bach, Jonathan Livingston le Goéland
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«
C'est l'âge où l'on rêve d'émancipation,
où l'on souhaite franchir les murs qui nous
encerclent pour partir seul, loin, sac au dos, avec
seulement quelques sous en poche et de l'imaginaire
plein la tête. »
Nils
Warolin, préface de Voyage avec un âne dans
les Cévennes de Robert Louis Stevenson
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«
Nous souhaitons de toute notre raison et notre coeur une
éducation qui ne se fonde pas sur l'angoisse
de l'échec mais sur l'enthousiasme de la réussite.
»
Pierre
Rabhi
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«
Nous savons tous les deux que le monde sommeille par
manque d'imprudence. »
Jacques
Brel, Jojo
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«
Oui, je veux marcher droit et calme dans la Vie, Vers
le but où le sort dirigera mes pas. »
Paul
Verlaine, Puisque l'aube grandit, puisque voici
l'aurore
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«
Je meurs ! qu'importe ? j'ai vécu ! »
Alphonse
de Lamartine, Éternité de la nature,
brièveté de l'homme
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Tout
a commencé le jour où j'ai découvert
que le cyclomoteur dont m'avait fait cadeau mon frère
savait bien cacher son jeu. De promenades en balades,
d'excursions en expéditions, ce fidèle destrier me prouva qu'il ne fallait pas croire tout
ce que l'on racontait, c'est-à-dire que son
gabarit modeste n'enlevait rien à sa fiabilité, à
son endurance, à sa capacité à
naviguer par monts et par vaux, avalant la route
comme vous et moi respirons, avec une facilité déconcertante, avec une régularité
fascinante et presque impertinente.
Cette
fière monture, affectueusement baptisée
« Ginette », a ainsi représenté
pour moi un instrument de liberté absolument
magique, d'une valeur inestimable et secrète,
qui tendit une main à mes rêves d'horizons
nouveaux, qui donna l'étincelle suffisante à
ma motivation balbutiante, qui ne mit aucun bâton
dans les roues de mon coeur, qui m'aida à
exaucer les voeux d'évasion que, comme tout adolescent, je
formulais et sculptais dans mon intimité, avec
exaltation.
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Cette
complicité adolescento-mécanique, si l'on
peut dire, par tout cet air fendu et ces contrées
sillonnées, de la Normandie aux Vosges, de
Bruxelles à Bonifacio, de La Rochelle à
l'Allemagne, de Londres à Brest, me procura
bien des bonheurs ineffables et s'étendit sur plusieurs années,
jusqu'à
ce que le hasard décide de m'en priver soudainement.
Cependant,
et paradoxalement, le vol de « Ginette »
m'aura rendu un précieux service : m'ouvrir les yeux sur
la valeur de cette histoire, c'est-à-dire
sur ce qu'une passion anecdotique mais vécue
en toute authenticité pouvait transmettre
de bon, de fort, d'émouvant même.
Source
d'un plaisir strictement personnel à l'origine, elle
engendrait désormais, et contre toute attente, un
plaisir contagieux auprès d'un large public, bien
au-delà de mon entourage immédiat. Cela
fut pour moi une découverte inédite.
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Fort
de cette prise de conscience, j'ai souhaité valoriser cette
expérience originale que j'avais eu la joie de
vivre à cyclomoteur - fruit d'un heureux concours
de circonstances - et transmettre à travers
elle des messages de vie, d'espoir, d'énergie
: ne craignons pas de nous lancer des défis insolites, allons
de l'avant, prenons soin de nos passions, donnons-leur l'impulsion
qu'elles méritent ; le grand bonheur de l'aventure
est plus proche et plus accessible qu'on ne l'imagine,
notre force mentale recèle des ressources
vertigineuses et insoupçonnées.
Nul
besoin en effet d'aller très loin, très
vite, ni d'avoir beaucoup d'argent, pour vivre des
moments extraordinaires, s'improviser aventurier
et se forger des souvenirs tout à fait impérissables
! Je n'oublierai jamais que le cyclomoteur m'a permis
de me sentir vraiment au bout du monde à vingt
petits kilomètres de ma maison !
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Or
tous ces sentiments, sensations, émotions, impressions,
réflexions, cheminements philosophiques, étranges
et délicieux, peuvent gagner encore en intensité
lors d'une randonnée pédestre, une façon
de voyager qui, par son extrême simplicité,
par l'élégance de son effort, par le
silence dans lequel elle nous plonge, par le respect
de la nature qu'elle implique, par la noblesse des
rencontres qu'elle suscite, par la beauté
des lieux et des personnes qu'elle donne à voir,
par la richesse spirituelle que l'on peut puiser dans
son inconfort, par les examens de conscience tout
à fait sains auxquels elle nous encourage, par
le bien-être véritable dont elle nous
enveloppe, en un mot par sa poésie, m'a peu
à peu mais littéralement et durablement
conquis. Merci
infiniment à celle qui m'en a donné le
goût et qui se reconnaîtra.
Pouvoir
s'émerveiller, s'épanouir et se dépayser
sans pour autant s'envoler nécessairement vers
les tropiques, cela ne résonne-t-il pas comme
un beau message à affirmer, optimiste, rassurant,
et particulièrement de circonstance à
l'époque actuelle ?
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À
la lumière de toutes ces réflexions, je
cherche à intervenir dans le cadre de soirées,
de conférences, de diaporamas
ou de débats, afin d'explorer,
dans une dynamique d'échange avec le public, ce
que de telles aventures peuvent apporter sur le plan
personnel, comment on peut puiser grâce à
elles un bonheur intense dans des choses simples,
ce qu'elles ont d'extrêmement formateur aussi
bien dans l'échec que dans la réussite,
en quoi elles peuvent contribuer à enrichir
notre personnalité par un investissement total dans
le projet, ou encore comment elles peuvent accroître
en nous la si précieuse confiance en soi -
qualité qui, à mon sens, fait trop
souvent défaut aux jeunes adolescents actuellement.
Il
ne s'agit pas non plus, évidemment, de pousser
tout le monde à acquérir un cyclomoteur
ou à partir crapahuter sur les sentiers, mais
bel et bien d'inciter chacun à être pleinement
à l'écoute de ses propres passions,
et à se refuser absolument à les museler en
dépit des éventuelles difficultés
que cela sous-entend. Prenons notre envol, vaille
que vaille, de fleur en fleur !
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