Le ciel est bien cruel de faire les uns naître
Jean Godard (1564-1630)
Le ciel est bien cruel de faire les uns naître
Monarques
souverains, princes et empereurs,
Les autres artisans, vignerons,
laboureurs,
Et bergers qui aux champs mènent les brebis paître.
Car
il advient souvent que celui qui est maître
Mériterait tenir le rang des
serviteurs,
Dont quelques-uns qui vont se tuant de labeurs
Pour leur
gentil esprit mériteraient mieux être.
Il est vrai qu'à la fin tout meurt
également.
Le monde est un théâtre, où fortuitement
Chacun comme il lui
vient joue son personnage.
Celui-ci fait le roi, celui-là fait le gueux ;
Mais moi, je fais toujours à mon dam et dommage
Le poète indigent et
l'amant langoureux.