Je vivais sans coeur, tu vivais sans flamme
Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889)
Je vivais sans coeur, tu vivais sans flamme,
Incomplets, mais faits pour un
sort plus beau ;
Tu pris de mes sens, - je pris de ton âme,
Et tous deux
ainsi nous nous partageâme :
Mais c'est toi qui fis le meilleur cadeau
!
Oui ! c'est toi, merci... C'est toi, sainte femme,
Qui m'as fait
sentir le profond amour...
Je mis de ma nuit dans ta blancheur d'âme,
Mais toi, dans la mienne, as mis le grand jour !
Je tombais,
tombais... Cet ange fidèle
Qui suit les coeurs purs ne me suivait pas...
Pour me soutenir me manquait son aile...
Mais Dieu m'entr'ouvrit ton
coeur et tes bras !
Et j'aime tes bras... tes bras mieux qu'une aile ;
Car une aile, hélas ! sert à nous quitter :
L'ange ailé s'en va, lorsque
Dieu l'appelle...
Tandis que des bras servent à rester !