Harmonie du soir
Charles Baudelaire (1821-1867)
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur
s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air
du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur
s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un coeur qu'on
afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et
beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un coeur qu'on
afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est
triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang
qui se fige.
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du
passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang
qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !