Le printemps

 

Georges de Scudéry (1601-1667)

 

 

Enfin la belle Aurore a tant versé de pleurs
Que l'aimable printemps nous fait revoir ses charmes ;
Il peint en sa faveur les herbes et les fleurs,
Et tout ce riche émail est l'effet de ses larmes.

Cibèle, que l'Hiver accablait de douleurs,
Et qui souffrait des vents les insolents vacarmes,
Mêle parmi ses Tours les plus vives couleurs,
Et triomphe à la fin par ses brillantes Armes.

Les Roses et les Lis, d'un merveilleux éclat,
Confondent la blancheur au beau lustre incarnat ;
La Tulipe changeante étale sa peinture ;

Le Narcisse agréable à l'Anémone est joint ;
Bref, tout se rajeunit ; tout change en la Nature ;
Mais superbe Philis, mon sort ne change point.

 

 

retour