L'été
Georges de Scudéry (1601-1667)
Environné
de feux et couvert de lumière,
Tu sors de l'Océan, Astre de
l'Univers,
Et des premiers rayons, de ta clarté première,
Tu
m'échauffes l'esprit et m'inspires ces Vers.
Tu brilles de splendeur,
tu brûles toutes choses ;
Les Vallons les plus frais en vain t'ont
résisté ;
Tu fais languir les Lis, tu fais mourir les Roses
;
Et la Neige est fondue aux chaleurs de l'Été.
L'air
est étincelant, la terre est desséchée ;
La Palme la
plus fière a la tête penchée ;
Le Laurier le plus vert
résiste vainement.
Tout fume ; tout périt par la céleste
flamme ;
Mais la plus vive ardeur d'un tel embrasement
M'incommode bien
moins que celle de mon âme.