Ce doux hiver qui égale ses jours
Théodore Agrippa d'Aubigné (1552-1630)
Ce doux hiver qui égale ses jours
À un printemps, tant il est
aimable,
Bien qu'il soit beau, ne m'est pas agréable,
J'en crains la
queue, et le succès toujours.
J'ai bien appris que les chaudes amours,
Qui au premier vous servent une table
Pleine de sucre et de mets
délectable,
Gardent au fruit leur amer et leurs tours.
Je vois déjà
les arbres qui boutonnent
En mille noeuds, et ses beautés m'étonnent,
En
une nuit ce printemps est glacé,
Ainsi l'amour qui trop serein s'avance,
Nous rit, nous ouvre une belle apparence,
Est né bien tôt bientôt
effacé.