À la bien-aimée
Renée Vivien (1877-1909)
Vous
êtes mon palais, mon soir et mon automne,
Et ma voile de soie et mon
jardin de lys,
Ma cassolette d'or et ma blanche colonne,
Mon parc et mon
étang de roseaux et d'iris.
Vous êtes mes parfums d'ambre
et de miel, ma palme,
Mes feuillages, mes chants de cigales dans l'air,
Ma
neige qui se meurt d'être hautaine et calme,
Et mes algues et mes paysages
de mer.
Et vous êtes ma cloche au sanglot monotone,
Mon île
fraîche et ma secourable oasis...
Vous êtes mon palais, mon soir
et mon automne,
Et ma voile de soie et mon jardin de lys.